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24 novembre 2013

Les jours avec

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"Nos familles vont nous jeter des pierres quand ils vont savoir que nous voulons d'autres enfants." J'ai acquiescé. Et puis j'ai souri. Ce pluriel était-il volontaire?

Cette étourderie (ou cette promesse) "made my day". Entre la gastro de Gabriel, Camille qui ne lâche pas mes seins depuis, combien? Six mois jeudi? (déjà!?!) la maison dans un bordel magnifique, mon panier à linge qui dégouline sur la commode avoisinante, les projets qui restent à l'état d'idées faute de temps, d'espace pour les mener (que la Belgique sache que je ne l'ai point oubliée), l'école, les derniers rendez-vous avec la sage-femme pour le service après-vente, un autre enfant? d'autres enfants? Je m'étais tellement faite à l'idée que Camille serait le dernier enfant qui emprunterait mon ventre, que j'avais presque accepté le deuil de la maternité. Et puis, des phrases lâchées, comme ça, petite étoile, petit caillou blanc.

J'aurais dû l'enregistrer pour les jours gris, pour les jours raisonnables, pour les jours sans, et pour sublimer les jours avec.

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23 novembre 2013

Frères

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10 novembre 2013

Novembre

Novembre a des bottes en caoutchouc. Novembre ressemble au froid sur ma peau, moi qui n'ai pas encore de manteau pour nous abriter tous les deux. Novembre sent les superpositions de vêtements, l'écharpe violette qui réjouit Camille, le gilet en laine assymétrique et troué, le chèche crocheté par Maman il y a longtemps déjà, la tête de Camille sous le gilet bleu ardoise qui a abrité son frère il y a quatre ans de ça. Novembre est moit, moit comme mes draps gorgés de lait, et le linge qui ne sèche pas dans notre chambre. Novembre, a le bruit de la pluie qui tombe sur le rebord de notre fenêtre, ploc ploc ploc. Novembre c'est la sortie de la chienne en pyjama, en ballerine et bras nus, et se dire, demain matin angine et amoxiciline. Novembre raccourcit les jours et amène la nuit si tôt, si tôt. Novembre me tombe dessus, et je n'ai envie de rien, si ce n'est de nous blottir dans mon lit, avec Camille, lové, à mon sein. Novembre se revêt des illuminations de Noël installées dans ma ville, et la petite fille qui est en moi qui se demande quand les allumera-t-on. Novembre sort en vapeur le matin de nos bouches, et sa petite main dans la mienne un peu plus fort sur le chemin de l'école. Novembre glisse de feuilles mortes que nous tentons d'éviter. Novembre ressemble à ces légumes que je ne connais pas ou peu, et que j'achète pour faire des purées à Camille, butternut, panais, blettes. Novembre et la fête des morts et l'anniversaire de ma soeur, c'est le souvenir de la babiole que je recevais à cet événement, et qui coupait la longue attente entre Pâques et Noël. Novembre ce sont les arbres qui se dévêtissent de leurs splendides parures.

Voilà Marion, ce qu'est Novembre pour moi.

28 mai 2013

Camille...

... qui brille
qui roupille
qui émoustille
qui sautille
qui grapille
qui frétille
qui scintille
qui écarquille
qui pétille!!!

Camille! Camille! Camille!

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25 mai 2013

"Dis, quand est-ce que tu arrives?"

La lampe sur le buffet fait ressortir les imperfections de notre cloison, celle que nous avons posée là, au milieu du salon, pour créer la chambre des enfants, des aînés pardon, car il y aura bientôt un autre enfant ici dont la nouvelle pièce ne sera pas la chambre. Il y a, sur le buffet, l'énorme vase bocal, et la non moins énorme brassée de lilas que Maman a ramenée de chez elle, il est déjà tout rouillé, tout fâné, mais il lui reste encore un peu de parfum, alors, je le laisse. Il y a le fer à repasser, négligemment posé qui attend de devoir aplanir tous les coupons colorés des couvertures en patchwork de mes petits hommes. Il y a, sur mon ordinateur, le petit bol en porcelaine, vide, vide des céréales que je viens de grapiller, butin sucré de la nuit, butin de ras-le-cul du diabète gestationnel, butin de "dis, quand est-ce que tu arrives?".
Il y a eu cette semaine le passage de Maman, sa venue, cette parenthèse suspendue. Elle est repartie ce matin, un seul être vous manque et tout est dépeuplé. J'avais dans l'idée d'écrire un billet où je disais ma longue croyance à la nécessité des cris, puis, peut-être un autre soir. Nous avons ri, beaucoup ri, à en faire pipi dans nos culottes, recherché sur Internet d'anciennes conquêtes, réfléchi à la vie toute autre qu'aurait pu être avec l'éleveur de chevaux, avec le professeur qui enseignait au Maroc et qui a offert un bracelet en argent (que je porte souvent) en guise de cadeau de séparation, avec l'agent immobilier musicien parti vendre des chemises Pierre Cardin, au final ce fut avec mon père (?!?). Nous avons pleuré aussi, la minuscule église d'Oradour sur Glane, les mères, la cloche fondue, le magnifique marronier en contrebas, comment si joli lieu a pu voir si terrible histoire. Nous avons pleuré aussi dans un café, avec Marie, mon amie, celle qui a tout juste douze ans de moins que Maman (et vingt de plus que moi?), et qui compte tant pourtant. Nous avons préparé les affaires du petit C., rangé les bodies, pyjamas et petits ensembles portés par son grand frère, nous sommes étonnés devant la miniature de ses couches, "dis, quand est-ce que tu arrives?".
J'aurais voulu dire plus, faire plus, aller au bout de nos objectifs. J'aurais aimé dire merci, je ne le dis pas assez, je le sais. Merci, merci, merci.
J'ai voulu couper les anglaises du front de Gabriel aussi. Grand mal m'en a pris. Comme ses cheveux bouclent mais n'ont plus assez de longueur pour reformer des anglaises, il ressemble à du Gesclin. Demain, je sacrifie tout. Je n'aime pas le voir sans boucles, mais là, ce n'est vraiment pas une réussite! Je n'ai pas envie que soit immortalisé avec les premières photos du bébé les maladroits coups de ciseaux de sa mère!!!
J'ai nettoyé, trié, rangé la salle de bain, le bébé, en plus d'avoir un endroit où dormir, pourra être lavé sans trop d'encombre à présent. J'ai fixé un porte-manteau dans la porte, et Vincent une étagère au mur, des rideaux dans la chambre du bébé également, ces petits rien me font un bien fou et m'aident à me sentir un peu plus chez moi, moi l'expatriée affective, l'empaqueteuse compulsive, la déracinée aux tempêtes émotionnelles. Les rideaux risquent de ne pas rester longtemps en place, j'en ai repéré d'autres ce matin, assortis à sa chambre, "dis, quand est-ce que tu arrives?".

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13 mai 2013

Blanche

Je ne sais pas si c'est le fait d'avoir écrit, et pas seulement pensé, que la chambre du petit C. était "capharnaüm sans nom", ou si, l'échéance aidant, il me fallait me décider, mais j'ai passé quelques heures dans la chambre du bébé en fin d'après-midi. Enfin, dans sa chambre, dans la nôtre, dans celle des aînés, à ranger, deci delà, tout ce que j'avais pu entasser dans la chambre du petit dernier. J'ai pendu les chemises de Gabriel dans son armoire, l'armoire que nous étions partis chercher dans la verte campagne, au nord de Limoges. Ce jour-là, pendant que Monsieur V. la chargeait dans la camionette, nous avons assisté au spectacle impressionnant des grues cendrées remontant vers le Nord. Il m'était déjà arrivé d'apercevoir leur convoi au loin, cette fois-ci, c'est juste au-dessus de nos têtes qu'elles passaient, bruyantes et élégantes, intrigantes également, quel mystère scientifique que ces oiseaux qui entreprennent deux fois par an un voyage au nombre de kilomètres combien de fois plus élevé que ceux effectués par notre voiture chaque année! Dans la semaine, je m'étais armée d'une scie à métaux, et j'avais coupé notre ancienne tringle, pour la fixer dans l'armoire des enfants. Aligner les petites chemises m'a ravie, un peu d'ordre pour moi qui suis si...
J'ai patiemment vidé le lit du bébé, entre deux couches de peinture de ma petite toile au renard. J'ai jeté quelques chutes de tissu, que je garde, alors que je sais qu'elles ne serviront jamais. J'ai plié, trié, puis nous avons dîné. Enfin, nous, Vincent et moi, car Gabriel, voyant que je préparais de la purée, a décrété qu'il n'en mangerait pas. Je n'ai pas eu envie de me battre, ni de passer mon temps à crier. Je lui ai demandé de manger ou d'aller se coucher. Il a préféré le lit. Il a encore beaucoup toussé, et demandé à vomir. J'ai réussi à l'en dissuader, et après avoir déposé mes lunettes sur sa table de nuit, je me suis allongée un peu à côté de lui. J'ai chanté aussi. Les lauriers du bois. Puis sa chanson, celle que, pompeusement, je pourrais dire que j'ai composée. Une comptine avec son prénom, et un tout petit couplet sur les interractions avec chacun des membres de sa famille. Il faut, d'ailleurs, que j'invente un nouveau couplet, je ne trouve pas. Et après l'avoir chantée tant de fois d'une manière précise, arriverai-je à la modifier?! Il a fini par me dire qu'il était trop serré, et je suis partie. J'ai fini mon renard, peint les yeux, le museau et détaillé la queue et une cuisse. Bien que très naïf, et pas du tout original (j'ai décalqué -oui oui- sur mon écran d'ordinateur le renard d'une marque d'objets pour enfant), je suis contente d'avoir pu le dupliquer. Je passerai sous silence les presque 30 couches de peinture orange pour cacher mes "bêtises". Une fois finie la toile, et branché le luminaire, armée de patafix (les murs ne peuvent pas être percés au dessus du lit du bébé), j'ai ajouté mon renard, et quelques babioles qui attendaient que je m'active dans cette petite chambre blanche.

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12 mai 2013

Un

Hier, dans une jardinerie que nous pouvons apercevoir depuis la fenêtre du salon, j'ai été séduite par l'odeur des orangers en fleurs. Je voulais en prendre un, là, tout de suite, et parfumer l'appartement avec. Mais nous avons été raisonnable. Je glisserai l'idée à Maman, la semaine prochaine. J'ai depuis longtemps l'envie de déposer derrière chaque oreille une goutte de fleur d'oranger, je vais déplacer mon flacon de cuisine à la salle de bain.
Le temps me paraît passer très lentement, pourtant, un mois vient de s'écrouler à toute vitesse, une semaine de vacances, puis une autre en compagnie de la Petite K. (plus si petite que ça, elle va bientôt me dépasser), nous sommes montés sur Paris, le temps d'un week-end, le temps d'un mariage. J'ai été nostalgique de notre vie parisienne, heureuse d'avoir un semblant de vie sociale au cours de ces 72 heures, puis nous sommes repartis dans notre vert Limousin, épuisés, mais ravis. La noce fut belle, les enfants bien apprêtés et sages durant le repas, les émotions bien présentes. J'ai regretté que Monsieur V. ne prenne pas plus de photos.
Gabriel est malade depuis plusieurs semaines, les médecins ne trouvent rien de spécial, pourtant, cela fait des semaines qu'il tousse, il se force à vomir pour se soulager, je suis fatiguée de me lever en pleine nuit pour aller le rassurer. Demain, nous demanderons à être orientés vers un spécialiste.
D'ici un mois, le petit C. devrait être parmi nous, cette grossesse me semble interminable, pourtant, quelques semaines encore et je découvrirai son petit minois, rien n'est prêt, les meubles sont en place, mais sa chambre est un capharnaüm sans nom. J'ai commandé de par le monde plein de coupons de tissus, pour lui faire une couverture, j'étais tentée par l'idée du Bai Jia Bei, mais je crois que je réunirai difficilement les 100 coupons d'"inconnues". J'en ai reçus quelques uns, je me laisse quelques semaines pour commencer la grande avec ces coupons offerts, en attendant, je confectionnerai une plus petite à glisser dans notre valise pour la maternité. Celle que je n'ai pas encore commencée. Bien qu'impatiente de les réaliser, j'ai attendu sagement que mes enveloppe d'Hong Kong et de San Diego arrivent, et je me suis entraînée sur la couverture de la petite A. la petite fille d'une copine de lycée prévue comme Gabriel pour le mois de Juin, quelques couacs, mais je suis contente du résultat obtenu, et d'avoir pu utiliser tous les petits coupons roses que recèlent mes étagères à tissus et que je n'ai pas souvent l'occasion de les sortir.
Il me tarde vraiment de le rencontrer, je guette les signes, mais contrairement à son grand frère, notre petit garçon au prénom si doux ne semble pas pressé pour un sou, rien ne laisse présager son arrivée pour le moment. Alors, patientant pour le grand rendez-vous, je savoure ces derniers instants où nous ne formons qu'un.

IMG_0992Monsieur V. tout à gauche, vu par Gabriel et son appareil photo, au mariage civil.

27 mars 2013

Ma tresse est toute défaite, elle ne ressemble

Ma tresse est toute défaite, elle ne ressemble plus beaucoup à celle que j'ai faite ce matin. J'ai reçu un coupon de tissu ce matin, que j'ai chiné sur FB, j'y ai taillé une toute petite brassière, mais tellement petite qu'elle n'est pas pour le petit C., mais pour Raoul, le coupon était vraiment trop petit pour faire plus. Raoul que je vais bientôt me préparer à envoyer passer quelques jours en Vendée, pour un peu de chirurgie réparatrice, le pauvre a vraiment souffert cet été (il n'a plus de nez), et du coup, je n'ose pas vous le montrer. Il fallait que je m'affaire un peu dans l'appartement laissé à l'abandon, alors une fois mes pièces coupées, je les ai mises de côté sur la table à repasser, et suis partie me donner un peu bonne conscience. Cet après-midi, j'ai accroché au-dessus du lit du bébé un C en medium que nous avons peint ensemble Gabriel et moi, et dont j'ai recouvert la plus grosse partie de Liberty, celui avec les étoiles et un nom imprononçable. J'ai déballé le couffin que Maman m'a apporté au début du mois, j'ai aussi retiré les fioritures en tissu bleu à rayures, il va falloir que je fasse quelque chose pour les remplacer. J'ai eu des contractions douloureuses ce soir, une petite série au moment du repas, de ces contractions qui donnent la nausée. Je ne suis pas très contente, le petit C. a encore 3 mois à passer au chaud, j'espère que ce sont des épisodes isolés. Là, le bébé bouge, virevolte, et fait trembler mon ventre. La grossesse me semble très longue, et j'ai l'impression qu'une fois venu au monde, je me sentirai "toute nue", je suis très habituée et très attachée à sa présence, ce bébé précieux, ce bébé surprise, ce bébé, comme son grand frère, dont la grossesse est une publicité à la maternité.
Gabriel, est en "vacances" pour une semaine, sa maîtresse est absente deux jours et non remplacée, avec lundi de Pâques, ça nous fait une semaine de congés. J'espère trouver à l'occuper, et que nous ne finissions pas par nous entretuer!!! Pour ses quatre ans, presque un mois en retard, je lui ai offert une petite cuisine (projet un peu titanesque pour moi, j'ai plus d'une fois eu envie de laisser tomber), élaborée à partir d'un meuble télé trouvé sur Leboncoin, il me reste à lui faire du petit linge aux teintes de la cuisine (torchon, manique, gant, tablier), puis à l'accessoiriser aussi. J'ai découvert une créatrice bretonne qui fait des merveilles en bois, j'étais complètement gaga le soir où, de clic en clic, je suis arrivée chez elle.

 

7 mars 2013

Qui me hantent

Et la peur, comme mon corps tout arrondi, qui ne me quitte pas. Quand j'ai fait le test pour la grossesse de Gabriel, je n'y croyais pas. Quand mon corps s'est arrondi, je n'y croyais pas. Quand il a été l'heure de nous séparer, je n'y croyais pas, et encore moins quand j'ai commencé à compter à l'envers. Quand j'ai été suffisamment consciente pour contempler cet enfant qui était le mien, je n'y croyais pas. Puis, c'était facile, il était bel et bien là, je pouvais y croire, je me suis dit que finalement, la vie voulait bien faire de moi sa maman.
Et puis les semaines, les mois, les années ont passé. J'ai grandi. J'ai écouté. J'ai vu. J'ai été le témoin, je ne sais encore comment dans cette proportion-là, de bien des drames.
Alors ce petit C. au début, je n'y ai pas vraiment cru. Je n'ai même pas appelé l'hôpital à l'heure prévue. J'ai patienté un long mois avant d'être sûre qu'un petit se développait bien. J'y crois, j'y crois car ce n'est plus la première fois. J'y crois car je le sens si fort, je le vois même faire trembler mon ventre. Mais en plus du petit C., j'ai la peur au ventre. Comme si ce surplus de bonheur était de trop, comme si ce bonheur ne nous était pas permis. Je me rassure comme je peux, comme lorsque, assistant à une conférence du Ministre de l'Education Nationale, dans un grand amphithéâtre, je voyais tous ces crânes de dos, et je me disais que tous ces crânes avaient fini par naître, que, comme dans la chanson de Goldman, "nous avons tous été vainqueurs même le dernier des derniers, une fois au moins les meilleurs, nous qui sommes nés". Je me dis que pendant ces quatre ans, j'ai pu féliciter la venue au monde d'un beau nombre de bébés, que mes craintes sont infondées, et que la vie, souvent, triomphe.
Je regrette que cette grossesse soit "polluée" par ma sympathie, par mon empathie un peu trop développée et au final étouffante. Me faudra-t-il me faire sourde à la détresse des autres pour ne pas augmenter cette "pollution"? Suis-je vraiment capable de fermer les écoutilles?
Il nous reste un peu moins d'une centaine de jours avant notre rencontre, il me tarde vraiment de le découvrir, et de les laisser dans leurs boîtes à souvenirs, une bonne fois pour toutes, ces petits anges qui me hantent.

boîte à souvenirs

24 février 2013

Histoire sans parole #2

 

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